Le chevalier errant
Etre né au siècle des fils télégraphiques, avec la vocation profonde de chevalier errant, est encore moins drôle quau XVIe siècle, où lon sait ce quil advint du grand Don Quijote de la Mancha. Il ne mavait pas été trop difficile de me procurer un cheval dans un haras de la Beauce. Pas trop difficile non plus de dérober une armure aux Invalides. Mais impossible de trouver un plat à barbe pour men faire un casque. Je dus me rabattre sur lenseigne creuse dun opticien, dont la pupille avait lavantage de la transparence. Ainsi équipé, je ne savais plus que faire, quand un pigeon se percha sur ma fenêtre. Je reconnus en lui lincarnation dune fée. Et quand il prit son vol, je me laissais guider par lui, ou elle, comme vous voudrez. La preuve que je navais pas fait erreur arriva bientôt. Comme il y a peu de forêts enchantées de nos jours, jarpentais la plaine nocturne. Et dix minutes après mon départ, japerçus, assise sur le bord du chemin, un top modèle en guépière attendant mon secours en larmes. Cela scella mon destin. |