lechevaliererrant

Le chevalier errant

 

Etre né au siècle des fils télégraphiques,

avec la vocation profonde de chevalier errant,

est encore moins drôle qu’au XVIe siècle,

où l’on sait ce qu’il advint

du grand Don Quijote de la Mancha.

Il ne m’avait pas été trop difficile

de me procurer un cheval

dans un haras de la Beauce.

Pas trop difficile non plus de dérober une armure

aux Invalides.

Mais impossible de trouver un plat à barbe

pour m’en faire un casque.

Je dus me rabattre sur l’enseigne creuse d’un opticien,

dont la pupille avait l’avantage de la transparence.

Ainsi équipé,

je ne savais plus que faire,

quand un pigeon se percha sur ma fenêtre.

Je reconnus en lui l’incarnation d’une fée.

Et quand il prit son vol, je me laissais guider

par lui, ou elle, comme vous voudrez.

La preuve que je n’avais pas fait erreur

arriva bientôt.

Comme il y a peu de forêts enchantées

de nos jours,

j’arpentais la plaine nocturne.

Et dix minutes après mon départ,

j’aperçus, assise sur le bord du chemin,

un top modèle en guépière

attendant mon secours

en larmes.

Cela scella mon destin.