fatalita

Actractylis fatalita subtilae L. - Bien que peu connue, cette fleur est européenne. Son incognito tient à ce qu’on ne la trouve que dans les régions alpestres, à la limite des glaciers et dans les infractuosités à la fois ensoleillées et humides les plus inaccessibles. En général, ses yeux sont mi-clos et sa bouche fermée. A la différence des autres grandes fleurs carnivores, du type Heliothropa ferox et Chrisanthema leona felix, elle ne se nourrit que de proies légères, et de préférence de papillons qui semblent d’ailleurs sélectivement attirés par son parfum qui ne saurait être plus précisément caractérisé que comme «féminin ». Mais l’alpiniste heureux qui la rencontre serait prudent de prendre garde au regard curieux en même temps que langoureux qu’elle ne manquera de lui lancer en entrouvant ses lèvres d’une manière assez semblable à un sourire, car le doigt qu’il se sent alors invinciblement tenté d’approcher pour effleurer cette muqueuse pulpeuse risque fort de souffrir d’une cruelle morsure dont les suites sont aussi étonnantes qu’inguérissables. Il s ‘agit, pourrait-on dire, d’une sorte de délire passionnel qui ramène le malheureux mordu vers cette fleur, avec une telle impétuosité que dans  son ascension de retour vers elle, il est quasi inévitable qu’il manque une prise et soit précipité sans espoir dans les abymes. Certains prétendent - mais nous n’avons pu en obtenir de témoignage assuré - qu’au lieu du doigt , des ascensionnistes lui ayant présenté, mus par on ne sait quelle tentation perverse, leur membre viril, celui-ci aurait été sectionné, provoquant une si forte hémorragie qu’elle entraîna leur mort.