Santa dans le palais de ses rêves

SANTA
dans le palais de ses rêves

  Il est facile de coller. C’est pourquoi l’art du collage est difficile. Difficile, car l’art est un langage dont les mots et le vocabulaire sont créés par l’artiste, sauf pour le/la collagiste qui doit les découvrir dans des formes déjà créées. Et toutes les formes existantes ne correspondent pas toutes et toujours à ce que l’artiste collagiste veut exprimer. Ainsi le premier pur collagiste que fut Max Ernst trouva seulement ses formes dans les dessins des illustrations en noir et blanc de romans feuilletons populaires.
 Santa avait beaucoup à dire qu’elle n’avait pas trouvé le moyen de dire quand elle tomba sur des images, sur un étal de marché, puis dans une boutique de vieux papiers, où elle saisit immédiatement comment elle allait les détourner pour sortir tout ce qui l’oppressait au fond du corps et de l’esprit.
Immédiatement, ce fut des collages tels que personne encore n’en avait fait. Certes, il y eut au début quelques hésitations. Mais elle trouva bien vite ses couleurs et leurs harmonies, ses thèmes et leurs principes de construction. Elle ne tarda pas non plus à savoir où chercher les éléments de sa palette.
Le langage de l’art est celui où l’inconscient joue le premier rôle. Cela est évident en celui de Santa, chargé de tant de fantasmes et de passions, de la rencontre de la petite fille coquine qu’elle a dû être quelque peu avec tant de monstres de ses cauchemars, des beaux rêves nostalgiques de mille autres mondes meilleurs et des désirs de fusion avec d’autres corps, dont ceux de ses animaux chéris. Et tout cela se mêlant et se culbutant en tant d’expressions toujours renouvelées que leurs appels rencontrent maints échos d’âmes sœurs et d’esprits séduits, qui se fixent dans le bonheur de se reconnaître.
Parvenue à la maîtrise de son art, il ne lui manque que l’ouverture de l’espace qu’elle mérite.


Michel Lequenne